Election
Nous avons analysé les programmes des douze candidat-es à la Présidentielle 2022.
Jean-Luc Mélenchon
LA « tortue » verte
Celui qui se présente comme une « tortue sagace » a en effet le mérite de la clairvoyance sur l’écologie. Les sujets environnement et climat occupent une place centrale et transversale dans le programme de Jean-Luc Mélenchon et le profil écologique du candidat est sérieux.
Il propose une réhausse de nos objectifs nationaux de réduction d’émissions de gaz à effet de serre cohérente avec l’Accord de Paris, ainsi qu’une véritable transition énergétique. A travers la planification écologique, il ambitionne de mettre l’urgence écologique et climatique au centre de la politique économique.
Il souhaite mettre en œuvre des mesures structurantes pour transformer notre système économique et notre modèle de société, en misant sur les valeurs centrales de solidarité et de sobriété. Il fait notamment plusieurs propositions fortes sur la régulation environnementale des grandes entreprises et s’engage sérieusement sur la transformation des secteurs polluants, notamment le secteur agricole.
Enfin, il est solide sur les enjeux de préservation de la biodiversité.
Nous n’avons pas identifié de mesures toxiques dans le programme de Jean-Luc Mélenchon, mais le programme du candidat pourrait encore être renforcé sur certains points, comme sur la nécessaire accélération de la fin de vente des véhicules fonctionnant aux énergies fossiles ou l’organisation de la sortie du diesel et de l’essence dans nos villes.
Le candidat Mélenchon fait des propositions concrètes et ambitieuses pour transformer notre modèle économique dans un double objectif de justice sociale et de respect de l’Accord de Paris, comme l’instauration d’un ISF climatique, l’interdiction des publicités en faveur des énergies fossiles, l’éco-conditionnalité des aides publiques aux entreprises, la dépollution des flux financiers aujourd’hui tournés vers les énergies fossiles, la comptabilité carbone obligatoire pour les entreprises avec une trajectoire de baisse de leurs émissions, ou encore la garantie de maintien du revenu pour les travailleur·ses en reconversion.
Jean-Luc Mélenchon propose de sortir du nucléaire et de viser une énergie 100% renouvelable d’ici 2050. Il propose également des mesures visant à accélérer la sortie des énergies fossiles, comme la fin des subventions aux énergies fossiles. Il assume l’enjeu de réduire nos consommations d’énergie et de ressources naturelles, et s’engage notamment sur un plan solide de rénovation des logements.
Il porte également une vision complète de la transformation du modèle agricole et du système alimentaire, avec un souci à la fois de transition agro-écologique, de rémunération digne des agriculteurs et d’accessibilité de tou·tes à une alimentation saine. Il porte ainsi des mesures essentielles comme la sortie des pesticides et de l’élevage industriel, une aide à la transition pour les éleveurs industriels ou l’expérimentation d’une sécurité sociale de l’alimentation. Sur la question des transports, il assume la nécessité de réduire l’usage de la voiture et s’engage sérieusement sur le développement du ferroviaire, des mobilités actives et des transports en commun ; mais il est surtout l’un des rares candidat·es à parler de régulation du trafic aérien dans son programme avec plusieurs mesures pertinentes (interdiction des vols courts, remise à plat de la fiscalité du secteur, pas de nouvelles infrastructures aéroportuaires).
Sur les enjeux de biodiversité, il s’engage sur des mesures importantes à nos yeux, par exemple un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins ou des mesures pour lutter contre la déforestation importée.
Nous avons voulu regarder comment la « famille » politique de Jean-Luc Mélenchon s’est comportée pendant le dernier quinquennat à l’Assemblée nationale, sur quelques votes clés du quinquennat sur l’écologie et pour lesquels les scrutins ont été publics. Pourquoi ? Parce que, dans les faits, c’est avec cette famille politique que le candidat devrait composer pour gouverner s’il était élu. De plus, Jean-Luc Mélenchon était lui-même député pendant ce quinquennat et il est donc intéressant de voir ce qu’il a voté le cas échéant à l’Assemblée nationale sur les sujets que nous avons retenus.
Sur les quelques votes que nous avons pu analyser, le bilan est positif. Le groupe parlementaire « France Insoumise – FI » à l’Assemblée nationale a voté unanimement contre l’adoption du CETA, accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada néfaste pour l’environnement et le climat. Il a voté aussi unanimement contre la ré-autorisation des néonicotinoïdes (les pesticides tueurs d’abeilles). Sur les conditionnalités écologiques aux aides publiques apportées aux grandes entreprises pendant la crise Covid, les député·es FI présents dans l’hémicycle pour les différents votes afférents se sont systématiquement exprimés pour. Enfin, les député·es FI présents dans l’hémicycle pour les différents votes afférents ont également systématiquement voté pour l’exclusion de l’huile de palme et de l’huile soja de la liste des « biocarburants » bénéficiant d’avantages fiscaux (les effets dramatiques de ces biocarburants de première génération sur le climat et l’environnement ont été largement démontrés).
Pour plus de détails, voir nos données compilées pour les familles politiques des différent·es candidat·es, publiées en accès libre.
Bien potasser l’analyse du Réseau Action Climat sur la nécessité de mettre un terme aux ventes de véhicules essence et diesel dès l’horizon 2030.
Une analyse du programme de Jean-Luc Mélenchon sur le climat, détaillée secteur par secteur, a également été réalisée par le Réseau Action Climat.
Aperçu de tous les candidats et candidates
Pour en savoir plus sur les critères que nous avons retenus, voir notre méthodologie.
Pour compléter et approfondir les programmes sur l’écologie des candidats et candidates à l’élection présidentielle 2022, voir également les analyses du Réseau Action Climat, dont Greenpeace France est membre, ainsi que la comparaison des propositions des candidat·es réalisée par l’Affaire du Siècle, avec Data For Good et le collectif Eclaircies pour sortir la France de l’illégalité climatique.
Les analyses ci-dessous se concentrent sur les programmes des candidats et candidates et ne traitent donc pas directement des conséquences du conflit en cours en Ukraine. Les enjeux de transition écologique et énergétique et de justice sociale prennent cependant une dimension supplémentaire dans ce contexte. Pour en savoir plus, voir notre article consacré aux questions environnementales liées à la guerre en Ukraine et à leur traitement par les responsables politiques.